[st_divider_shadow] Estratti / Excerpts [st_divider_shadow]

Faïza Guène

UN UOMO NON PIANGE MAI

UN HOMME, ÇA NE PLEURE PAS
REAL MEN DON’T CRY

ISBN 9788887847529

[st_icon name=’file-text’ size=’icon-2′ color=” type=’normal’ background=” border_color=” align=’ss-none’ icon_spin=’no’] [st_icon name=’paste’ size=’icon-2′ color=” type=’normal’ background=” border_color=” align=’ss-none’ icon_spin=’no’] [st_divider_shadow]

Mia madre soffriva nel vedermi solo. Mi credeva, di volta in volta, pauroso, affetto da turbe della personalità, omosessuale.
Nulla di tutto questo. Ero solo. Punto. Me n’ero fatto una ragione. Ritengo che non avesse mai realizzato di essere la prima responsabile di quel fatto. Nessuno è solitario di natura. A parte Raoul Wong, a mia madre non erano mai piaciuti i miei amici. Li criticava tutti fino alla nausea. Per quanto riguarda le ragazze, poi, non parliamone nemmeno. Niente e nessuno era abbastanza per suo figlio.
Un giorno, un ragazzo del liceo, Harry, era venuto a casa con il suo Super Nintendo per fare una partita a Donkey Kong ountry. Avevo chiesto il permesso a mio padre. 
Harry era molto popolare a scuola. Si vestiva bene e faceva ridere tutti. Che avesse acconsentito a venire a casa mia con la sua consolle era un fatto insperato.
Se un giorno mi appuntassero sul petto un medaglia al valore, sarei probabilmente meno emozionato di quel mercoledì pomeriggio in cui Harry aveva calpestato il suolo di casa nostra. Mentre attraversavamo il salone, Harry aveva osservato:”Ci sono troppo fiori finti in casa vostra”. Non l’avevo presa male. L’euforia, senza dubbio.                                                        
Con estrema serietà, mi aveva spiegato il funzionamento della levetta prima di cominciare a giocare. Poi, avevo iniziato a perdere, a precipitare nei burroni e a farmi sbriciolare da nemici a due teste. Giocavo come un matto, cosa che a volte infastidiva Harry, ma ero felice, mi divertivo pazzamente.
La faccenda era andata avanti soltanto per un’ora, quindi nella stanza era entrata ma madre, furiosa: “Andiamo, basta giocare! Spegnete tutto! Harry, devi tornare a casa tua. Mourad ha i compiti da fare! Tu hai i tuoi genitori, che leggono bene il francese, possono aiutarti ad arrivare al diploma, a trovare uno stage, un lavoro, una collocazione. Mourad, invece, ha due pesi sullo stomaco. Dovrà darsi da fare il doppio di te! Avanti, spegnete quell’arnese!” 
Quindi aveva abbassato gli occhi e fissato i piedi di Harry:
“Non ti sei nemmeno tolto le scarpe! Nessuno ti ha insegnato a toglierti le scarpe prima di entrare in casa degli altri? Puah! E’ perché avete la donna di servizio?”
“No, signora”.
“Allora, non dovete essere troppo puliti…”.
Il poveretto era rimasto pietrificato. Aveva ficcato la consolle nello zaino e si era dileguato. Ero rimasto al mio posto, senza parole. Mi tremavano le ginocchia.
Naturalmente, Harry non aveva più messo piede in casa nostra e, quando mi incrociava nei corridoidel liceo, mi indirizzava sguardi pietosi, senza però rivolgermi più la parola. Sicuramente mia madre doveva avergli causato degli incubi. Qualcosa come i film dell’orrore.
Scena I – Interno, notte- Silenzio di morte. Su uno sfondo fiori di plastica, una donna isterica, in sovrappeso, entra nella stanza come una giumenta condannata all’iniezione letale. Un foulard color malva in disordine sulla testa, brandisce un mestolo, pronta a usarlo come un’arma.
Aveva preparato delle crepes mille buchi, quel giorno.
Rimasto solo, non volendo che mi sentissero singhiozzare, avevo affondato il viso nel cuscino. Sì, mio padre mi aveva inciso definitivamente nel cervello la frase: un uomo non piange mai.
Con mio sollievo, era rincasato poco dopo e aveva subito capito che era successo qualcosa.
Forse le crepes avevano un retrogusto sgradevole. Sta di fatto che avevo sputato il boccone senza difficoltà. E’ stata l‘unica volta che ho visto mio padre davvero infuriato con mia madre. Trovava che l’accaduto fosse una vergogna.
“Ti rendi conto? E i genitori del ragazzo? Che cosa penseranno di noi? Che siamo dei selvaggi senza educazione!”
“Il figlio deve avere già un libretto di risparmio ben fornito. Se ne fregano, quelli”.
“Ma che cosa vai dicendo? Sei fuori di testa! Non vedi che lo rendi infelice, questo ragazzo? Ha sedici anni, non è più un bambino! Vuoi che ci abbandoni anche lui? Se continui così, a diciotto anni farà le valigie! E avrai da lagnarti… Vuoi farlo scappare?”
“Che cosa stai cercando di dire? Prosegui, porta a termine il discorso…”
“Hai capito benissimo!”
“Non ho che un figlio! Uno solo! Voglio che si concentri sul suo futuro! Non voglio che abbia cattive frequentazioni! Che cos’è questo, un crimine?”
“Cattive frequentazioni? Quel ragazzino ha soltanto portato un videogioco. Ad ascoltarti, si direbbe che tu lo abbia sorpreso a vendere droga…”
“Bah, si comincia con i videogiochi, poi si prosegue con la droga e la prigione! Cos’è, mi rimproveri di volere il bene di mio figlio? Allora? Sono una cattiva madre, secondo te?”
Invece di rispondere, mio padre si picchiettava la tempia con l’indice, come a dire: sei pazza da legare. Mia madre, fuori di sé, era tornata ai fornelli in silenzio, le lacrime che le colavano lungo il collo.
Ecco perché non protestavo. Non protestavo mai. Avevo il terrore di veder insorgere la tachicardia, l’ipertensione, la glicemia, o altri drammi del genere.

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Ma mère souffrait de me voir seul. Elle m’a cru, tour à tour, peureux, atteint d’un trouble de la personnalité, homosexuel. Rien de tout ça. J’étais seul. Point. Je m’étais fait une raison. Je crois qu’elle n’a jamais réalisé qu’elle tenait le premier rôle dans l’histoire de ce repli. Personne n’est solitaire de nature. À part Raoul Wong, ma mère n’a donc jamais aimé mes copains. Elle les critiquait tous jusqu’à m’en dégoûter. Quant aux filles, n’en parlons pas. Rien ni personne n’était assez bien pour son fils. Un jour, un garçon du lycée, Harry, est venu à la maison avec sa Super Nintendo pour faire une partie de Donkey Kong Country. J’avais demandé la permission au padre. Harry était très populaire. Il s’habillait bien et faisait rire tout le monde. Qu’il accepte de venir chez moi avec sa console était inespéré. Si un jour on me distinguait en m’accrochant une médaille au veston sous les ors de la république, je serais probablement moins ému que ce mercredi après- midi où j’ai vu Harry sur le seuil de notre maison. Quand on a traversé le salon, Harry a dit : « Il y a trop de fausses fleurs chez vous ». Je ne l’ai pas mal pris. L’euphorie sans doute.
Très sérieusement, il m’a expliqué les fonctionnalités de la manette avant de démarrer le jeu. Je n’arrêtais pas de perdre, de tomber dans des ravins et de me faire ratatiner par des ennemis à deux têtes. Je jouais comme un pied, ce qui agaçait Harry par moments, mais j’étais heureux, je me suis amusé comme un petit fou. Ça n’a duré qu’une heure, ensuite, ma mère est entrée dans la chambre, furieuse. « Allez ! Ça suffit, les jeux ! On éteint tout ! Harry, il faut rentrer chez toi ! Mourad doit faire ses devoirs ! Toi, tes parents, ils lisent bien le français, ils pourront t’aider pour réviser le bac, pour trouver un stage, un travail, un logement. Mourad, il a du pain sur la planche, lui. Il devra se démener deux fois plus que toi ! Allez, on débranche tout ! » Puis elle a baissé les yeux et a regardé les pieds de Harry. « En plus, tu n’as même pas retiré tes chaussures ! Personne ne t’a appris qu’on se déchausse avant d’entrer chez les gens ? Tfou ! C’est parce que vous avez une femme de ménage chez vous ? – Non, madame. – Alors ça ne doit pas être très propre ! » Le pauvre était pétrifié. Il a fourré sa console dans son sac à dos et a déguerpi. Je suis resté là sans rien dire. Mes genoux tremblaient un peu. Évidemment, Harry n’est jamais revenu à la maison et, quand on se croisait dans les couloirs du lycée, il me regardait avec pitié, mais ne m’adressait plus la parole. Il a dû faire des cauchemars de ma mère. Sur le mode film d’horreur.
Séquence I – Intérieur nuit – Silence de mort.
Sur fond de fleurs une femme en surpoids hystérique entre dans la chambre comme une jument condamnée à l’injection. Son foulard mauve est mal ajusté sur sa tête et elle tient une louche à la main, prête à s’en servir comme d’une arme. Elle avait fait des crêpes mille trous ce jour- là. Quand je me suis retrouvé seul, je n’ai pas voulu qu’on m’entende pleurer, alors j’ai plongé la figure dans ma taie d’oreiller. Oui, le padre m’avait définitivement fourré ça dans le crâne : un homme, ça ne pleure pas. Comme un soulagement, il est rentré à la maison peu de temps après et il avait bien senti que quelque chose s’était passé. Peut- être les crêpes avaient- elles un arrière- goût. Il m’a fait cracher le morceau sans difficulté. C’est sans doute la seule fois où je l’ai vu vraiment en colère contre ma mère. Il trouvait ça honteux. « Tu te rends compte ? Et les parents du petit ? Qu’est- ce qu’ils vont penser ? Ils vont nous prendre pour des sauvages sans éducation ! ! – Leur fils doit déjà avoir un compte épargne bien rempli ! Ils s’en ficheront. – Qu’est- ce que tu racontes ? ! En plus, tu joues la forte tête ! Tu ne vois pas que tu le rends malheureux. Il a 16 ans ! Ce n’est plus un bébé ! Tu veux qu’il nous quitte à son tour ? ! À ce rythme- là, à 18 ans, il aura fait ses valises ! Et faudra pas te plaindre ! Tu veux tous les faire fuir ? – Qu’est- ce que tu essaies de dire ? Vas- y, dis le fond de ta pensée…
– Tu as très bien compris ! – Je n’ai qu’un fils ! Un seul ! Je veux qu’il se concentre sur son avenir ! Je ne veux pas qu’il ait de mauvaises fréquentations ! C’est un crime ? – Mauvaise fréquentation ? Le garçon a amené un jeu vidéo ! À t’écouter, on dirait que tu les as surpris en train de vendre de la drogue ! – Eh bah, ça commence par les jeux vidéo, ensuite c’est de la drogue dans des seringues et des gardes à vue ! Tu me reproches de vouloir le meilleur pour mon enfant ? Hein ? Je suis une mauvaise mère, d’après toi ? – En guise de réponse, le padre s’est tapoté la tempe avec l’index, comme pour dire : tu es folle. Ma mère, hors d’elle, est retournée à ses four neaux en hoquetant, les larmes lui coulant dans le cou. Voilà pourquoi je ne protestais pas. Je ne protestais jamais. De peur de voir surgir des palpitations, une hausse de tension, de l’hyperglycémie, ou un quelconque autre drame. J’ai appris à rester seul.

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